« Fédérer le peuple » : de quel(s) projet(s) politique(s) cette expression est-elle le nom ?
Mardi de l’Insoumission
« Fédérer le peuple » : de quel(s) projet(s) politique(s) cette expression est-elle le nom ?
Avec Gérard Bras, philosophe
Mardi 10 décembre
18h30 – 20 h 30
Café de Paris
158 rue Oberkampf, 75011 Paris
Métro Menilmontant
« Fédérer le peuple » : de quel(s) projet(s) politique(s) cette expression est-elle le nom ?
Mise en avant politiquement en France lors de la campagne présidentielle dans laquelle Jean-Luc Mélenchon s’engagea dès février 2016, ce « slogan » politique a été porteur d’un élan et a été un l’enjeu de polémiques récurrentes durant la campagne présidentielle comme après le succès relatif dont semblait témoigner le score obtenu au soir du premier tour.
Ce slogan-objectif assumait clairement une volonté de dépassement du clivage traditionnel droite-gauche, et la construction d’une nouvelle « latéralisation » du champ politique.
Si l’épuisement du clivage droite-gauche a tourné à un véritable effondrement dans l’enchaînement des quinquennats de Sarkozy et d’Hollande (avec notamment une séquence sur la question du travail puis sur l’Etat d’urgence faisant sauter ce qui semblait être les derniers piliers du clivage), ce slogan a été différemment perçu dans ce qu’il restait des droites et des gauches de l’échiquier politique : une identité de stratégie populiste avec l’extrême droite pour les uns, une remise en cause libérale des médiations structurant le « peuple » dans des champs, le social et le politique, eux-mêmes distincts, etc.
En fait de construction, il y aura eu sans doute beaucoup de « bricolages » comme toujours dans une dynamique électorale ou les enjeux de communication sont devenus si décisifs.
L’analyse à l’origine de ce choix stratégique identifiait une nouvelle opposition « eux » / « nous » qui se manifesterait aujourd’hui par la domination d’une minorité oligarchique sur la masse du « peuple ». La définition même de ce « peuple » était elle même débattue, incertaine. S’il n’était plus défini strictement en termes de classe, il était pour certain.e.s inspiratrices / inspirateurs de cette stratégie le produit d’une construction essentiellement discursive lui permettant de se penser comme nouvel « acteur politique ». Pour Jean-Luc Mélenchon, la « nouvelle ère du peuple » qui s’ouvrait alors, renvoyait à un peuple pensé également comme une « réalité physique » nouvelle, la masse de la « population urbaine interdépendante » (Jean-Luc Mélenchon) dont l’existence même serait menacée par l’exploitation et la prédation de l’ « écosystème ».
Alors que l’élan de cette nouvelle offre politique semble retombé, alors que la paternité de cet élan a parfois été présenté (souvent a posteriori) comme inspirée des théories des philosophes argentin et belge Laclau et Mouffe, il nous a semblé intéressant de revenir sur ce sujet pour clore le cycle des Mardis de l’insoumission autour du philosophe Gérard Bras auteur d’un voyage intellectuel et d’une réflexion autant théorique que politique sur la notion de peuple.
Sur France culture: Le populisme peut-il être démocratique ?
Retour sur le moment populiste que nous traversons et sur les sources de ce concept de « populisme », utilisé à tort, pour tenter de le redéfinir. Avec Federico Tarragoni, sociologue, qui publie « L’esprit démocratique du populisme » (La Découverte, 2019).