Christophe Ventura : comprendre le populisme (de gauche)

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Capture4Avec 19,6 % des suffrages, Jean-Luc Mélenchon a réalisé un score qui dépasse de loin le réduit dans lequel végétait la gauche radicale. Inspirée par les réflexions de Chantal Mouffe sur le « populisme de gauche », sa campagne se conclut par une consultation des Insoumis pour définir l’attitude à adopter face au duel de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Christophe Ventura, chercheur spécialiste de l’Amérique latine à l’Iris et soutien de Mélenchon, revient avec nous sur ces événements. Il estime les résultats de l’élection présidentielle à la fois frustrants et enthousiasmants pour son camp politique, et rappelle que la décision de consulter la base militante à l’issue du premier tour était prise depuis longtemps. Rappelant que le combat contre le Front national est « l’ADN » de bien des cadres de la France insoumise, il appelle à entendre la « fatigue » des électeurs appelés à « faire barrage » au Front national.

Pour lui, la notion de « populisme » désigne avant tout une stratégie de conquête du pouvoir adaptée aux « moments destituants » vécus par certains régimes politiques, lorsque les forces traditionnelles de gouvernement n’obtiennent plus le consentement des dirigés. Tout autre chose est « l’exercice du pouvoir avec ses contingences », met-il en garde. Les difficultés rencontrées par les expériences latino-américaines s’expliqueraient par bien d’autres facteurs que le populisme, qui a néanmoins trouvé un terrain privilégié sur ce sous-continent marqué par l’histoire coloniale et une « oligarchisation radicale » des sociétés.