La bataille de l’Europe a commencé
Dans sa dernière note de blog du 22 octobre, Jean-luc Mélenchon analyse la situation politique sur la question européenne dans un contexte marqué par les déclarations de Macron et les bruissements d’une liste unitaire de la « gauche » autour de la personnalité de Varoufakis.
« Nous voici en route vers les élections européennes. Les vieux disques rayés de la politique française jouent sans discontinuer les refrains perdants de 2005. Macron est moins bête qu’eux. Il a enfourché le cheval de la « souveraineté », lui aussi, dans ses trois discours sur le sujet. La souveraineté européenne. Les fainéants des plateaux de commentaires n’ont rien noté. Ils ont bêlé en cadence leur admiration européiste. Seul « Le Monde », dans son cahier spécialisé, a montré que la « souveraineté européenne » se substituait dorénavant à la « souveraineté nationale » dans le vocabulaire du chef de l’État. Ce débat n’est pas médiocre. Il est même décisif. Il n’a rien à voir avec le souci qui m’est prêté à cette occasion de « vouloir occuper la première place face à Macron » sur le sujet. Comme si c’était à faire ! Ou de reprendre l’espace de « l’euroscepticisme », notion gélatineuse grotesque pour salle de rédaction fatiguée.
Nous avons le droit au débat politique. Nous avons le droit de proposer des sujets, sans être rabougris instantanément aux pauvres cases préconçues qui fixent les limites de l’intelligence médiatique officielle actuelle. Si le débat des européennes doit se limiter à la caricature de 2005 ce serait un drame moral. Nous nous en tirerons bien de toute façon. Les euro-bêlants et les euro-rêveurs ne motivent plus grand monde. Je partage l’avis d’Emmanuel Macron qui veut faire de cette élection le moment d’un vrai choix. Un choix libre. C’est-à-dire le choix entre les options réellement présentes et non pas celles qui ont été fantasmées par les répondeurs automatiques médiatiques en poste à Bruxelles avec bureaux et activités cloisonnées depuis plus d’une décennie.
Bien sûr il nous faut encore tracer notre chemin. Ce tableau est-il mis en place par sottise et ignorance ou par volonté de manipulation ? Comme il est impossible de modifier quoi que ce soit d’un refrain médiatique quand il est lancé, comment pouvons-nous utiliser le plus efficacement possible cette situation ? Je parle évidemment ici la façon de faire campagne. Parce que pour le reste tout est déjà en place. La ligne stratégique est décrite dans le programme L’Avenir en commun. Le regroupement transnational qui correspond est le fameux « forum du plan B » qui vient de tenir sa cinquième session à Lisbonne. La variété des listes de la vieille gauche pour « refonder », « changer », « améliorer », « relancer » l’Europe et autres songe-creux est aussi une opportunité tactique pour nous. Surtout si tout ce petit monde a le bon goût de faire liste commune pour terminer le tableau de l’angélisme européiste de la vieille gauche. »