La gauche et l’immigration. Une histoire et des politiques en débat

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290919La question de l’immigration avec la tradition d’ouverture et d’accueil des travailleurs a longtemps constitué un marqueur de l’identité de la gauche.  La « crise des migrants » et les débats sur la loi asile-immigration à l’automne 2018 ont remis cette question sous les projecteurs. Elle a été l’objet de vifs débats qui, pour certains, auraient fait apparaître un clivage idéologique, voire l’émergence d’une « gauche anti-migrants ».

Ces polémiques récurrentes invitent à se tourner vers l’histoire pour distinguer les postures politiciennes de la généalogie du rapport de la gauche à la question de l’immigration. Sabine Rubin, députée de Seine-Saint-Denis, terre d’immigration, a demandé au Groupe d’Histoire Sociale, association éditrice de la revue Histoire & Sociétés, qui réunit des historiens enseignants et chercheurs, de travailler avec elle pour cette initiative.

Ensemble, ils ont réuni des chercheurs et universitaires pour réfléchir collectivement sous la forme de deux tables-rondes ouvrant sur un débat citoyen.

Table ronde numéro 1 : Les Français, l’étranger : quel humanisme ?

 Cette première table-ronde sera surtout historienne. Elle vise à mettre en valeur la généalogie des positionnements de la gauche, entre principes et réalités politiques, à montrer également comment la gauche s’est appropriée la question de l’immigration. A partir du moment fondateur de la Révolution française où s’élabore l’articulation entre Français et étrangers, cette table-ronde insistera sur l’invention du droit d’asile et de son appropriation par la gauche, mais aussi sur les crises xénophobes et la manière dont la gauche en a été affectée. Plus généralement, elle posera la question de savoir quand et comment l’immigration est devenue une question politique à gauche. Avec Sophie Wahnich, Gérard Noiriel, Karen Akoka , Thomas Branthôme et Bastien Cabot.

  Table ronde numéro 2 : La gauche et les politiques de l’immigration – quelle(s) politique(s) migratoire(s) émancipatrice(s) ?

 Une seconde table-ronde adoptera l’angle des politiques publiques en matière d’immigration. Elle s’attachera à dresser l’inventaire des politiques menées sous des gouvernements de gauche de la Ve République, notamment du gouvernement de « gauche plurielle ». Comment, avec le recul, peut-on les considérer ? Ont-elles constitué des ruptures, fixé des formes pouvant servir de modèles ? A quels obstacles se sont-elles heurtées ? Il s’agira également de poser la question des politiques publiques en matière d’immigration : comment concevoir des politiques émancipatrices dans ce domaine ? C’est dans ce cadre que ce sont inscrites les propositions de la France insoumise contre la Loi Asile et Immigration adoptée en avril 2018. Avec Thomas Branthôme, Virginie Guiraudon, Philippe Rygiel, Danièle Lochak, Danièle Obono et Sabine Rubin.

Sabine Rubin

Elue députée dans la neuvième circonscription de la Seine-Saint-Denis, lors des élections législatives de juin 2017 sous les couleurs de La France insoumise, Sabine Rubin est membre de la Commission des Finances, de l’Économie générale et du Contrôle budgétaire.

www.sabinerubin.com

Gérard Noiriel

Pionnier de l’histoire de l’immigration en France, Gérard Noiriel s’est également intéressé à l’histoire de la classe ouvrière, et aux questions interdisciplinaires et épistémologiques en histoire. À ce titre, il a participé activement au développement des études socio-historiques. Il est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et propose régulièrement des conférences gesticulées.

Le creuset français. Histoire de l’immigration XIXème- XXème siècle. Nouvelle édition. Paris : Éditions Points, DL 2016

Sophie Wahnich

Directrice de recherche au CNRS, directrice de l’Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (IIAC), le travail de Sophie Wahnich porte sur la Révolution française et le temps présent. Sa thèse avait pour sujet la notion d’étranger dans le discours de la Révolution française.

L’Impossible Citoyen, l’étranger dans le discours de la Révolution française. Paris : Albin Michel, 1997 – réédition en 2010 avec postface de l’auteure.

Philippe Rygiel

Philippe Rygiel est historien, professeur des Universités à Paris Ouest Nanterre La Défense. Spécialiste des migrations, il travaille notamment sur :
– les usages du lexique du genre dans le champ des études migratoires,
– l’histoire des pratiques administratives dans l’encadrement des populations étrangères et/ou immigrées
– l’émergence d’une réglementation internationale des migrations avant 1914
Philippe Rygiel est par ailleurs co-éditeur de la revue Journal of Migration History et co-directeur de collection chez Palgrave Macmillan (Londres, New York). Il est membre du conseil d’orientation du Musée de l’histoire de l’immigration et président du Comité scientifique, attaché au département de la recherche.

Danièle Lochak

Juriste, professeure de droit des universités, professeure émérite de droit public à l’université Paris-Nanterre, Danièle Lochak a été présidente du vice-présidente de la Ligue des Droits de l’Homme et présidente du GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés) dont elle est toujours membre aujourd’hui.

Thomas Branthôme

Maître de conférences à l’Université Paris Descartes, ses principaux thèmes de recherche sont l’histoire de la pensée juridique, l’histoire de la République, l’histoire de l’État, l’histoire des libertés publiques, l’histoire des idées politiques.

Histoire de la République en France, avec Jacques de Saint-Victor, Paris :  Economica, collection « corpus-histoire du droit », 2019

Virginie Guiraudon 

Directrice de recherche au CNRS, normalienne et agrégée, Virginie Guiraudon est titulaire d’un doctorat en science politique de l’université d’Harvard. Sa thèse portait sur l’évolution des droits octroyés aux étrangers en France, en Allemagne et aux Pays-Bas depuis 1974. Depuis, elle travaille sur la fabrique et la mise en œuvre des politiques européennes, notamment les politiques de lutte contre les discriminations, d’immigration, d’asile et de contrôle aux frontières. Elle s’intéresse également à la sociologie de l’intégration européenne et aux mobilisations transnationales.

Les politiques d’immigration en Europe – Allemagne, France, Pays-Bas, Paris : L’Harmattan, 2000

Bastien Cabot 

Professeur agrégé, doctorat contractuel Cespra/Tepsis, lauréat du prix de la Fondation Jean Jaurès en 2015.

Ses recherches portent sur les échelles de l’engagement dans des situations d’épreuve collective, le nationalisme et les migrations à la fin du XIXe siècle.

À bas les Belges ! L’expulsion des mineurs borains (Lens, août-septembre 1892), Rennes : PUR, 2017

Karen Akoka 

Docteure en sociologie, Maitre de conférences en science politique. Université Paris Ouest Nanterre – Chercheuse à l’Institut des sciences sociales du politique au CNRS, ses thèmes et orientations de recherche portent sur Sociologie de l’immigration, Socio-histoire de l’asile, Ancrages local du transnational.

Thèse : « Du consulat des réfugiés à l’administration des demandeurs d’asile : la fabrique des réfugiés à l’Ofpra » – 2012

Danièle Obono

Elue députée dans la 17e circonscription de Paris lors des élections législatives françaises de 2017, Danièle Obono, oratrice nationale de la France Insoumise, est secrétaire de la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale et membre de la commission des Lois.

Benjamin Stora (vidéo)

Docteur en histoire à l’EHESS et docteur en sociologie, Benjamin Stora préside le conseil d’orientation du musée de l’Histoire de l’immigration.

Les immigrés algériens en France : une histoire politique, 1912-1962. Paris : Hachette Littératures, 2009.

Patrick Weil (vidéo)

Docteur en science politique de l’IEP de Paris, puis directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre d’histoire sociale du XXe siècle de l’université de Paris, il travaille sur l’histoire de l’immigration en France. Fondateur de Bibliothèque sans frontière, il a exercé la fonction de chef de cabinet du secrétariat d’État aux immigrés en 1981 et 1982. En 1997, le Premier ministre socialiste Lionel Jospin lui confie la mission d’étudier une réforme des législations sur la nationalité et l’immigration. Après un état des lieux critique des réformes entreprises par le gouvernement Balladur, il propose une réforme de la législation sur la nationalité et sur l’immigration. Le gouvernement adopte par la suite la loi « Guigou » du 16 mars 1998 relative à la nationalité et la loi « Chevènement » (ou loi RESEDA) du 11 mai 1998, relative à l’immigration. Depuis plusieurs années, il intervient en qualité de Visiting Professor au sein de la Yale Law School.